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Entretien avec Denise Lesturgeon

publié dans le magazine "CHEMINS" (n°10, janvier/février/mars 2022)


Quand les conséquences malheureuses de la trahison d’un amour, d’un conflit avec un ami, d’un traumatisme d’un proche nous a un jour fait subir ou d’une lointaine erreur qui se rappelle sans cesse à nous rompent l’harmonie de notre rapport à autrui ou à nous-même, il nous reste qu’une solution : le pardon. C’est dans l’intemporelle sagesse du monde toltèque, mise à jour par Don Miguel Ruiz et largement déployée en France par l’auteur et conférencier Olivier Clerc, que Denise Lesturgeon a pu intégrer en elle cette question qui reste épineuse pour nombre d’entre nous. Devenue animatrice de Cercle de pardon et vice-présidente de l’API, la « messagère toltèque » nous fait part de son expérience de ce don véritable qui peut changer notre vie en profondeur, libérer notre cœur et apaiser nos relations. (Aubry François)


Qu’est-ce qui différencie le pardon d’un point de vue religieux du pardon enseigné par la voie toltèque ?  

Je ne peux répondre à cette question qu’à partir de mes expériences personnelles et ma compréhension du pardon qui a évolué au cours de ma vie. Je ne pense pas qu’il y ait une différence quant à la finalité du pardon que ce soit dans les religions ou la voie toltèque, tout dépend de la façon dont ce mot est défini, enseigné, puis compris et mis en œuvre. Pendant les 20 premières années de ma vie, j’ai entendu parler du pardon uniquement dans la sphère religieuse. J’avoue que le pardon qui m’a été proposé pendant mon éducation religieuse ne m’a pas laissé de bons souvenirs.  J’ai quitté ce milieu et pendant près de 40 ans, le pardon n’était plus un sujet qui retenait mon attention. A l’automne 2009, j’ai découvert la voie toltèque transmise par Don Miguel Ruiz et là le pardon s’est invité dans ma vie pour la seconde fois. J’ai pris conscience que ma compréhension du pardon était complètement erronée et que j’avais de sérieuses mises à jour à faire. En étant guidée par l’enseignement de Don Miguel Ruiz et Olivier Clerc, j’ai changé ma compréhension et ma pratique du pardon : d’un pardon basé sur la peur, la culpabilité, je suis passée à un pardon qui transforme mon cœur blessé, rempli de poison émotionnel en un cœur aimant.


Pouvez-vous nous raconter comment vous avez expérimenté personnellement le pardon ?  

En choisissant d’approfondir l’enseignement que transmet Don Miguel Ruiz, je me suis tournée vers des personnes qui proposaient des formations. J’ai suivi une première formation à distance avec Maud Séjournant. C’est au cours de ce programme, au chapitre du pardon, qu’un soir, m’est apparu le visage de ma grand-mère paternelle morte depuis longtemps. J’avais oublié cette grand-mère d’autant plus que petite fille, elle me faisait peur et j’avais gardé d’elle l’image d’une femme autoritaire et méchante. Quand son visage m’est apparu, spontanément, j’ai dit : « je te demande pardon ». Instantanément, j’ai été enveloppée d’amour, de tendresse : un moment inoubliable. Cette expérience a radicalement changé mon regard et mes sentiments pour cette grand’mère. Le souvenir d’une grand’mère revêche s’est effacé pour devenir un modèle de femme au grand cœur, libre des regards des autres, très courageuse qui m’inspire beaucoup.  Quand quelques semaines plus tard, j’ai lu le livre d’Olivier Clerc : « Le Don du Pardon, un cadeau toltèque de Don Miguel Ruiz » dans lequel Olivier raconte sa propre expérience transformatrice que Don Miguel Ruiz lui a fait vivre à travers 4 demandes en pardon, j’ai eu la confirmation de la puissance de ces 4 mots : « je te demande Pardon ».

 

Que diriez-vous pour convaincre de pardonner tous ceux pour qui un tel acte est inconcevable au regard de qu’ils ont subi ? 

À la suite d’un événement inconvenable qui vient me toucher en plein cœur, suis-je condamné(e) à souffrir, vivre dans la haine, la rancune, le ressentiment, le jugement, le remord jusqu’à la fin de mes jours ? Ma réponse est non si j’arrive à pardonner c’est-à-dire à trouver les conditions pour guérir mon cœur brisé et retrouver ma capacité d’aimer. Si quelqu’un me blesse physiquement, je mets tout en œuvre pour prendre soin de ma blessure. Si c’est très grave, je vais à l’hôpital. La guérison est plus ou moins longue selon la gravité de la blessure. Il est évident que je n’attends pas que ce soit mon agresseur qui s’occupe de moi.  De manière analogue, pour les blessures du cœur, je peux choisir de m’engager sur la voie du pardon en m’accordant le temps nécessaire pour franchir les différentes étapes de ce processus de guérison avec un accompagnement bienveillant et une acceptation inconditionnelle à chaque étape. La voie du pardon permet de sortir de la posture de victime et de se libérer d’un passé douloureux mais encore faut-il la connaître ! Heureusement, il existe désormais des livres, des ateliers, des pratiques, des animateurs de cercles de pardon qui facilitent l’accès à cette guérison des blessures du cœur.

Et se pardonner à soi-même, est-ce plus difficile encore que de pardonner à autrui ? 

OUI, je crois que le pardon à soi-même est le plus difficile. Dans notre éducation, beaucoup d’entre nous avons appris à ne pas se respecter pour plaire aux autres, à faire passer les autres avant soi, souvent par peur de passer pour des « égoïstes ». Alors pour ne pas subir ce jugement, nous acceptons cette règle, si elle nous été inculquée dans la famille, à l’école, l’église, la société, qui est de satisfaire les besoins des autres avant les nôtres. La conséquence de cette « domestication » comme dirait Miguel Ruiz est l’installation de croyances du genre : « je ne vaux rien, je ne suis qu’un pauvre pêcheur qui ne mérite même pas le pardon… » et éprouver de la culpabilité chaque fois qu’on pense ne pas faire bien ou pas assez pour les autres. Comment est-il possible de se pardonner avec de telles croyances ? Nous avons été jugés, nous nous jugeons et nous jugeons les autres, tel est le processus que nous suivons inconsciemment. Apprendre à se pardonner donc à s’aimer demande de prendre conscience de toutes nos croyances qui maltraitent notre être véritable. Don Miguel nous rappelle : « Le Pardon est un acte d’amour envers soi-même ».

 

En quoi le pardon provient-il davantage du cœur que de la tête ? 

Si le pardon est la guérison des blessures du cœur, je n’oublie pas que j’ai une tête qui est là pour protéger mon cœur en faisant preuve de discernement notamment dans l’ordre des actions à poser. Le 5°Accord Toltèque : « Soyez sceptique mais apprenez à écouter » insiste sur l’importance du discernement c’est-à-dire ne pas croire toutes les histoires qu’on nous raconte et qu’on se raconte dans notre tête tout en privilégiant l’écoute du cœur.  Toutes les idées, que nous avons entendues sur ce qu’est ou n’est pas le pardon, peuvent être des obstacles au pardon. Olivier Clerc en a listé 15 dans son livre : « Peut-on tout pardonner ». Tant que je n’ai pas défini clairement ce mot pardon, je ne savais pas comment m’y prendre pour guérir mes blessures émotionnelles. Ce sont des lectures et les relectures (particulièrement les livres de Don Miguel Ruiz et d’Olivier Clerc) qui m’ont aidée à mettre peu à peu de l’ordre dans ma tête et mes ressentis émotionnels. Le pardon s’opère quand le mental accepte de lâcher le contrôle pour laisser le cœur s’ouvrir. Tout ce travail de clarification est de nature à calmer notre mental et laisser s’opérer le pardon.

 

Le pardon doit-il forcément s’accompagner d’une réconciliation ? 

Je l’ai cru longtemps qu’il n’y avait pas de pardon sans réconciliation. La guérison de mes blessures émotionnelles relève de ma responsabilité. C’est une illusion de croire que l’autre a le pouvoir sur mon état intérieur sauf si je lui donne ce pouvoir. Enfant, j’ai pu être dans une posture de victime face à des adultes malveillants, violents mais adulte, j’ai d’autres ressources que je n’avais pas quand j’étais petit. Je peux donc sortir de cet état de victime en faisant tout un travail de transformation intérieure et des choix différents. Dans son livre du pardon, Desmond Tutu décrit le processus du pardon en 4 étapes. 1-Raconter l’histoire, 2- nommer la blessure, 3- pardonner, 4- décider de reprendre ou d‘arrêter la relation. Le pardon ne concerne que moi et la réconciliation concerne la relation entre 2 personnes. Si l’autre a cheminé de son côté, il est possible de reprendre la relation sur de nouvelles bases et des intentions claires et c’est un grand cadeau. Mais si l’autre n’a pas pris conscience de sa part de responsabilité dans la rupture de la relation et ne veut rien changer dans son comportement, il n’y a pas de réconciliation possible. J’accepte l’arrêt de la relation avec un cœur en paix.

 

Auriez-vous un rituel pour faire entrer pleinement le pardon dans notre vie ? 

Le rituel « Don du Pardon » est l’approche que je recommande car c’est celle que je connais le mieux et que je pratique depuis 2012. Ce rituel se pratique en groupe au cours d’un cercle de pardon ou en ligne ou seul(e) chez soi.  Ce rituel se déroule en 4 étapes qui sont 4 demandes de pardon : à l’autre, aux collectifs que nous diabolisons, à cette dimension qui nous dépasse et à soi-même. En lisant « Le Don du Pardon, un cadeau toltèque de Don Miguel Ruiz » et « Peut-on tout pardonner » d’Olivier Clerc et en consultant le site www.cerclesdepardon.fr  vous trouverez toutes les informations nécessaires pour vous donner l’envie de faire entrer le pardon dans votre vie. Chaque dernier dimanche du mois, de 10h30 à 11h30, l’association « Vivre La Sagesse Toltèque » que je préside, propose une méditation du pardon en ligne via la plate-forme zoom. Cette méditation est guidée par un animateur de cercles de pardon. Je vous invite à y participer, je vous accueillerai personnellement. Pour me contacter ou s’inscrire aux méditations (c’est gratuit), aller sur le site de l’association VLST www.vivrelasagessetolteque.com . Ce sera une grande joie pour moi de continuer à partager avec vous.


 

Entretien Denise Lesturgeon au magazine Chemins N°10

(janvier/février/mars 2022)


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